Le fonctionnement:
Un montage financier opaque
Dans l’article précédent consacré à l’investissement, nous avons montré que l’enveloppe globale des
dépenses d’investissement serait largement supérieure à 10 millions d’euros.
L’emprunt estimé à 8 millions est donc sous-estimé. Il faudra soit augmenter le montant de l’emprunt (CCVL ou communes), soit obtenir des subventions à l’investissement supérieures à 2 millions. Subventions pour le moment fictives et il n’est pas précisé d’où elles viendront. Plus vraisemblablement, l’impôt local sera soumis à rude épreuve pour assurer l’équilibre financier de l’opération.
Les remboursements des emprunts du coût global du projet ont des incidences importantes sur l’estimation des dépenses de fonctionnement. Il en va ainsi évidemment des dotations aux amortissements, des frais financiers liés à l’emprunt. De même certaines charges de maintenance sont estimées en pourcentage du coût du projet (page 257 chapitre 5).
L’escamotage de la réalité continue avec le projet de création d’une société de gestion pour assurer l’exploitation du téléporté. Il est estimé dans le document que les recettes d’exploitation lui permettront d’être largement bénéficiaire. Mais on va quand même lui attribuer des subventions de fonctionnement ! Ainsi, les communes de Génos, Loudenvielle et la CCVL vont céder à cette société des redevances provenant de l’hydroélectricité pour qu’elle puisse verser un loyer à la CCVL pour rembourser les emprunts !
C’est l’histoire du serpent qui se mord la queue.
Les recettes de la Société de Gestion:
Les prévisions de recettes reposent sur des pronostics qui ressemblent à des paris. La raison voudrait que seules les hypothèses basses de recettes soient prises en compte, ce qui n’est pas le cas.
L’augmentation quantitative de la clientèle est annoncée comme assurée, mais c’est pour le moins un pari hasardeux. Dans son rapport sur le Massif Pyrénéen, la Cour des Comptes démontre clairement que la clientèle sur le massif pyrénéen n’est plus quantitativement extensible. Cette année la fréquentation globale a diminué de 2% !
Cette augmentation de clientèle espérée se fera t elle au détriment des autres stations du canton, par exemple de Saint-Lary en constante compétition dans la course aux investissements avec Peyragudes ? Il nous semble que cette question doit se poser à tout responsable départemental ou régional, plus particulièrement aujourd’hui où les 4 stations des vallées des Nestes sont dans un même canton ! Le rapport de la cour des comptes préconise une solidarité et une mutualisation des moyens des stations, plutôt que la concurrence que l’on constate actuellement.
Ce Projet annonce une augmentation des forfaits journaliers pour financer le fonctionnement. Les forfaits actuels sont déjà très élevés par rapport au domaine skiable offert. Le rapport qualité/prix est déjà inférieur à celui de Saint-Lary qui offre un domaine skiable et des installations plus importantes. L’effet d’attraction sera largement tempéré par l’augmentation du prix des forfaits et la clientèle aisée trouvera de meilleurs arguments dans les Alpes dixit le rapport de la Cour des Comptes.
On nous annonce qu’une redevance hydroélectrique de 307 500 euros (Loudenvielle 145 000€, Génos 72 000€ et CCVL 90 500€) sera consacrée au budget de fonctionnement de la télécabine et contribuera à sa rentabilité.
Mais pourquoi confisquer les redevances hydroélectriques de la Vallée au seul bénéfice du fonctionnement d’un téléporté qui créera très peu d’emplois? A quoi étaient utilisés ces redevances auparavant?
- C’est un transfert budgétaire ?
- Pour le compenser, y aura-t-il des réductions budgétaires pour les communes concernées ou cela devra-t-il être remplacé par des impôts supplémentaires ?
Pari aussi sur le rendez-vous avec la neige avec des hivers de plus en plus courts (voir toujours le rapport de la Cour des comptes) qui nous fait nous demander si les recettes de fonctionnement produites par l’hydroélectricité ne devraient pas aller à une diversification économique plutôt qu’à la mono industrie touristique de « l’or blanc ».