Téléporté : Les enjeux


Remontées mécaniquesLe discours des promoteurs du projet s’articule sur les affirmations suivantes : ­il y a concurrence exacerbée entre stations… et celles qui s’en sortent le mieux ont un téléporté. Avec le téléporté, on change de catégorie. Il apporte une image de modernisme et de qualité qui attire les clients qui recherchent une destination sur internet. L’objectif n’est pas d’abord de faire des bénéfices en tant que station mais de stimuler l’économie locale en amenant plus d’emplois, une nouvelle demande de logements, une plus grande consommation dans les commerces, avec en retour des rentrées supérieures au niveau des impôts locaux. Ce discours aurait pu être crédible au moment où les sports d’hiver étaient en pleine expansion. Aujourd’hui, les stations de ski doivent faire face à une érosion continue de leur fréquentation et certaines stations sont fermées pour cause de déficit croissant. Est ­ce que le fait de » changer de catégorie » va rendre la vallée du Louron plus attractive que les Alpes ou certaines destinations plus à l’Est ? Nous ne le pensons pas ! Reste donc la concurrence exacerbée, car la clientèle n’est pas extensible, avec les autres stations pyrénéennes, notamment les plus proches comme Superbagnères ou Saint-­Lary et les autres stations des Hautes-­Pyrénées ! Il est fort dommageable qu’un responsable départemental joue cette carte là, au lieu de travailler aux synergies et aux complémentarités. Enfin La Mongie et Font Romeu ont de meilleurs résultats que Peyragudes sans avoir de téléporté.

Au niveau de la Vallée du Louron, ce qui est présenté comme projet de territoire est essentiellement centré sur Loudenvielle, tandis que les autres villages se contenteront des nuisances. Il est indiqué dans le document UTN que l’entrée de Loudenvielle devient « …un véritable marqueur de l’entrée du territoire touristique du bassin de la vallée du Louron » page 119 chapitre 2. On ne peut qu’en déduire que les autres ne sont pas territoire touristique. On fait miroiter aux autres communes que leurs capacités en lits seront mieux rentabilisées, mais on parle avant tout de la sous ­utilisation des capacités d’accueil de Loudenvielle (taux de remplissage 50% en hiver page 118). Sinon, pourquoi mettre en avant le fait que les clients n’auront pas à bouger les voitures ! Et pourquoi déjà prévoir la création de lits nouveaux (page 119) ? A croire que l’on veut faire gagner toujours plus d’argent aux promoteurs immobiliers ! Dans un contexte économique plus que difficile et compte ­tenu des aléas climatiques annoncés, la Cour des Comptes a lancé un cri d’alarme sur l’avenir des stations de ski des Pyrénées. Après avoir ouvert une nouvelle route, un nouveau gadget est proposé. On a le sentiment que les responsables locaux naviguent sans boussole. L’heure est à la diversification des projets et non à la fuite en avant dans le cadre d’une mono­ industrie (ski) qui créera de moins en moins d’emplois pour les futures générations et qui pénalise ce qui reste l’atout fondamental de cette vallée : sa richesse environnementale et son patrimoine.

Les promoteurs du projet prévoient de lui affecter des recettes communales provenant de l’hydroélectricité à hauteur de 307500 euros. Soit ces recettes existent déjà et cette opération va se solder par un appauvrissement des communes concernées. Soit ce sont de nouvelles recettes et il est scandaleux de les affecter au téléporté plutôt qu’à d’autres projets de développement.

Laissez un commentaire